第六课
liù   - wén

来了 !

nǐ huílai-le

Te voilà rentré !

来了

huílai-le

Oui, je suis rentré

nǐ cóng nǎr lái ?

D’où est-ce que tu viens ?

来。

wǒ cóng shūdiàn lái

Je viens de la librairie.

你买

nǐ mǎi-le shénme shū ?

Quels livres as-tu achetés ?

我买*本小,也买三支两本画报。

wǒ mǎi-le * běn xiǎoshuō mǎi-le sān zhī máobǐliǎng běn huàbào.

J’ai acheté un roman, trois pinceaux et deux bandes dessinées.

你好像不

Nǐ hǎoxiàngshūfu nǐ lèi ma

Tu n’as pas l’air dans ton assiette ! Tu es fatigué ?

*,我头疼

wǒlèi wǒ tóu téng

Je ne suis pas fatigué, j’ai mal à la tête.

头疼 道吗

nǐ wèishénme tóuténg nǐ zhīdao ma

Pourquoi as-tu mal à la tête ? Est-ce que tu le sais ?

雨,有点冷,我想感

zuótiān xià-le yǔ, yǒudiǎnr lěng wǒ xiǎng gǎnmào !

Il pleuvait hier, et il faisait plutôt froid, je pense que je me suis enrhumé.

你感?应该扎针

nǐ gǎnmào–le ? nǐ yīnggāizhāzhēn !

Tu t’es enrhumé ? Tu devrais aller te faire piquer par acupuncture.

灸有效?

zhēnjiǔ yǒu-méiyǒu xiào

Est-ce que l’acupuncture est efficace ?

 !

dāngrán yǒuxiào !

Bien sûr qu’elle l’est !

去看病

hǎo míngtiān zǎoshang wǒkànbìng

Bon, j’irai chez le médecin demain matin !

我想今天去!

wǒ xiǎng zuìhǎo jīntiān xiàwǔ

Je crois qu’il vaudrait mieux que tu y ailles cet après-midi !

对,今天去。。。

duì wǒ jīntiān xiàwǔ

Tu as raison, j’irai cet après-midi.

 

语法

(Grammaire)

Les compléments de lieu

Nous avons vu, dans la leçon précédente, que les compléments de lieu se placent toujours avant le verbe dès lors qu’ils sont précédés d’une préposition :

Le complément de lieu où l’on va est introduit par la préposition

Le complément de lieu d’où l’on vient est introduit par la préposition

On dira ainsi国来, 去。

Le verbe peut néanmoins se construire directement ; on dira alors : .

Les questions correspondantes seront introduites par l’adverbe interrogatif  : 去?去 

Vous remarquerez que l’adverbe comprend la clef de la bouche comme la particule interrogative . Dépourvu de celle-ci, l’adverbe , qui se prononce alors au quatrième ton, signifie « là » ou « là-bas ».

Les verbes ets’opposent en chinois comme « aller » et « venir » en français : , c’est aller dans une direction qui s’éloigne du locuteur, , c’est se rapprocher de lui.

NB :  se prononce « laïe » lorsqu’il est tout seul mais « lai » dans .

 

 

Les compléments de temps

Comme les compléments de lieu et la plupart des compléments circonstanciels, les compléments de temps portant sur la date se placent toujours avant le verbe. Le chinois n’ayant pas de conjugaison temporelle, on a recours aux adverbes désignant les jours (« hier »), 今天 (« aujourd’hui »),  (« demain ») etc. auxquels on ajoute des précisions horaires « le matin » , « l’après-midi » , « le soir » [wǎnshang].

On traduira donc 今天 par « ce matin », par « demain après-midi » et par « hier soir ».

 

 

Les verbes d’état ou adjectifs verbaux

Le chinois ignore totalement une structure grammaticale qui nous semble « naturelle », la structure [sujet - verbe « être » - adjectif attribut] ; il ne peut utiliser le verbe « être » comme copule qu’avec un nom : (« je suis professeur, tu es étudiant »). Les verbes d’état comme « être fatigué », « être enrhumé », « être dans son assiette », seront rendus par des adjectifs comportant un sens verbal :  : « je suis fatigué », 我感 : « je suis enrhumé », , « il est malade ».

Il en va de même pour les expressions désignant un état que nous formons avec « aller », « faire » ou « avoir » :

你好 ? est-ce que tu vas bien ? 你哪 ? « as-tu mal ? » 头疼 « j’ai mal à la tête », 饿 « j’ai faim » ; 今天很冷 : « il fait très froid aujourd’hui ».

 

 

La négation

La plupart des verbes chinois passent de la forme affirmative à la forme négative par l’adjonction de la négation devant le verbe. Il n’en va pas ainsi du verbe avoir dont la négation est :

你有 ?  ! (« est-ce que tu as des livres ? je n’en ai pas »).

 

 

La particule modale : changement d’état et fait accompli

 

1 - La particule modale indique un changement d’état :

来了, « (tu n’étais pas là il y a un instant et maintenant) te voilà revenu ! »

, « voilà qu’il pleut »

 

2 - Placée immédiatement après le verbe, elle indique un fait accompli :

, « hier, il pleuvait ».

La négation des verbes accompagnés de la particule indiquant le fait accompli se construit avec le verbe « avoir » précédé de la négation, comme notre passé composé : [méiyǒu]

 : « tu es allé en Chine »

(« est-ce que tu y es déjà allé ou non ?)

 ?  ! (« est-ce que tu l’as déjà vu ? non !)

 

La particule ne s’emploie pas lorsqu’il s’agit d’une action qui se répète dans le passé : 常常来 « elle venait souvent l’an dernier » [qù nián chángcháng lái]

Lorsque deux actions se succèdent et que la seconde suit immédiatement la première, la particule d’aspectest nécessaire après le premier verbe ; le second est généralement précédé de l’adverbe (jiù, « alors », « donc ») qui marque la promptitude de la succession : 来了.

Ce type de phrase peut aussi exprimer une action future : , « j’irai à la librairie demain matin et je reviendrai immédiatement ».

Lorsque le verbe comporte un complément d’objet, celui-ci est généralement précédé d’un adjectif numéral et de son spécificatif ou d’autres déterminatifs :

 

 

汉字

 

国文

La médecine traditionnelle chinoise à l’épreuve de la modernité

 

Comme les mathématiques chinoises, dont nous avons vu qu’elles avaient largement précédé certaines découvertes mathématiques européennes, la médecine chinoise traditionnelle a incontestablement une prodigieuse avance sur la médecine occidentale.

 

 

1800 ans avant Harvey…

Dès le IIème siècle avant Jésus Christ, le Livre de médecin de l’Empereur jaune, qui fait remonter cette idée à l’empereur Huangdi (soit au 16ème siècle avant J.C. !), les Chinois comparaient la circulation sanguine à la circulation des rivières selon une représentation analogique du macrocosme et du microcosme. Même si cette origine antique est légendaire et si ce modèle analogique est erroné, il est certain que les médecins chinois avaient compris le rôle du cœur au moins 1800 ans avant Harvey : ils enseignaient même le fonctionnement de la « pompe cardiaque » à leurs élèves grâce à un système de tuyaux de bambou aspirant et propulsant du liquide. La dissection des cadavres n’étant frappée d’aucun interdit, ils avaient mesuré avec précision le réseau sanguin et calculé la distance parcourue par le sang en un « tour », soit 54 mètres environ.

Mais ils ajoutaient à la circulation sanguine relevant du « yin », une autre idée, celle de la circulation du « qi », un souffle très subtil, une énergie « yang » partant des poumons et se répandant dans tout le corps par d’invisibles canaux, les deux circulations étant en constante interdépendance. Constatant que la circulation du « qi » et la circulation du sang coïncidaient toutes les 24 heures au niveau du pouls, soit au bout de 50 révolutions, ils avaient calculé que le sang parcourait quotidiennement 2700 m tandis que se produisaient 13 500 respirations pulmonaires si bien que le sang parcourait 20 cm par respiration et que chaque révolution s’effectuait en 28,8 minutes. Même si ce chiffre est erroné (il suffit de 30 secondes pour que s’effectue en réalité chaque révolution sanguine), les calculs chinois dépassent de très loin en précision ceux d’Harvey qui hésitait entre une heure et une journée !).

Cette théorie de la double circulation des fluides est au fondement de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « rythme circadien », concept très récent de la médecine occidentale mais idée familière aux médecins chinois traditionnels : ils sont les premiers à avoir compris que l’effet des médicaments varie selon les heures de prescription et que les malades voient leur énergie croître ou diminuer à des heures différentes en fonction de leur pathologie.

 

 

L’acupuncture :

La théorie de la double circulation des fluides est aussi au fondement de l’acupuncture. L’examen du pouls (ou plutôt des 28 types de pouls répertoriés par les médecins chinois) permet un diagnostic très fin de l’état de santé du malade et la stimulation des 750 points d’acupuncture par de fines aiguilles mesurant entre 1 et 2,5 cm permet de débloquer la circulation du « qi » qui parcourt sous la peau un réseau de douze « méridiens » (« jing »).

L’acupuncture, qui n’a été introduite en France qu’en 1935, a une incontestable efficacité empirique même si l’on échoue encore à en expliquer rigoureusement le fonctionnement. En chirurgie, même si elle demeure décriée par la science dominante, elle remplace même aujourd’hui avantageusement cet empoisonnement majeur qu’est l’anesthésie chimique, y compris dans certains hôpitaux français !

Dès le XIème siècle, chaque sous-préfecture chinoise était destinataire d’un précis d’acupuncture permettant aux médecins de tout le pays de soigner au mieux leurs patients et les écoliers apprennent aujourd’hui encore à se concentrer en pratiquant collectivement l’acupressure, qui stimule les points d’acupuncture par simple massage ou pression, comme on peut le voir dans de nombreuses émissions télévisées en ligne :

http://www.56.com/u63/v_MTI0MjM1NDA.html

http://www.56.com/u88/v_NDE2NjE0Nzc.html

http://www.56.com/u37/v_MzgyMjg4OTg.html

 

Chacun connaît ainsi les rudiments de cette pratique ancestrale et peut bénéficier de ses bienfaits : malaise vagal, évanouissement, crise d’épilepsie ? tous connaissent le geste et le point qui sauvent comme en témoignent de nombreux feuilletons chinois ; une forte pression du pouce à la base du nez et le malade retrouve ses esprits ! Mais certains peuvent aussi utiliser cette technique dans un but moins louable : un coup porté à un endroit bien précis de la jambe dans les combats et l’adversaire perd brutalement la face en perdant la maîtrise de ses sphincters….  

 

L’alchimie taoïste ou l’endocrinologie avant la lettre

Passés maîtres dans l’art des aiguilles 扎针, les médecins chinois ne négligeaient pas pour autant les recherches qu’on pourrait dire « biochimiques ». Dans leur quête inlassable de « l’élixir d’immortalité », les alchimistes taoïstes étaient parvenus à isoler les hormones sexuelles qu’ils extrayaient de l’urine, d’abord par simple évaporation (comme on extrait le sel des marais salants) puis par « sublimation », en recueillant le dépôt qui se forme dans une cloche renversée au-dessus du liquide chauffé à une température comprise entre 120 et 300°. Appelés « minerai d’automne » parce qu’ils ressemblaient aux cristaux du givre, les cristaux ainsi obtenus étaient mélangés à de la pulpe de datte et absorbés le matin, sous forme de pilules, dans du vin ou de la soupe chaude. Il fallait 600 litres d’urine pour obtenir de 60 à 70 grammes de sublimé hormonal. Les alchimistes chinois maîtrisaient également la technique chimique du « précipité » ; dès le XIIème siècle au moins, ils utilisaient une plante saponifère pour précipiter les hormones contenues dans l’urine, un procédé qui ne sera découvert en Occident qu’au tout début du XXème siècle ! En séparant soigneusement les urines masculines des urines féminines, ils sélectionnaient à volonté les hormones mâles et les hormones femelles qu’ils mélangeaient ensuite en proportion variable selon la pathologie qu’ils souhaitaient soigner : l’impuissance, la stérilité, la dysménorrhée entre autres…. Ils savaient également isoler les hormones pituitaires, qui régulent toute la sécrétion glandulaire, et agissaient ainsi aussi bien directement (par les hormones sexuelles) qu’indirectement (par les hormones pituitaires) sur les stéroïdes en stimulant les gonades qui les produisent.

L’auteur d’une Pharmacopée du laboureur céleste préconisait dès le Ier siècle avant J. C. déjà le traitement du goître à l’aide des algues dont la forte teneur en iode compense les carences thyroïdiennes, une technique que les médecins européens leur empruntèrent au XIIème siècle en même temps que la boussole, le gouvernail d’étambot et le papier. Endocrinologues de génie, les médecins chinois apprirent dès le VIIème siècle à traiter le goître – qu’ils savaient distinguer du cancer de la thyroïde -, par l’administration d’hormones obtenues à partir de la glande thyroïde de divers animaux (béliers castrés, cochons, moutons, buffles, daim) ; dégraissées, séchées, coupées en morceaux et mélangées à des jujubes, celles-ci étaient administrées en pilules aux patients ; elles pouvaient aussi être réduites en poudre et mélangées à du vin.

On se moque à raison des recherches taoïstes concernant l’élixir d’immortalité ; fascinés par le mercure, ou « vif argent », dont les billes minuscules semblent animées d’une énergie inépuisable, les alchimistes chinois ont sans doute en effet empoisonné bien des patients dont ils prétendaient prolonger l’existence ! reste que leur science n’était pas négligeable et qu’ils auraient eu beaucoup à apprendre aux médecins de Molière !...

 

 

La vaccination

            On imagine ordinairement que le vaccin antivariolique a été découvert au XVIIIème siècle. C’est là encore méconnaître le rôle des « magiciens » taoïstes qui le pratiquaient depuis le IIème siècle après J. C. au moins et le révélèrent à l’Etat au Xème siècle, après la mort du fils aîné du Premier ministre Wang Dan. Il semble que la population n’ait vraiment pu bénéficier de cette protection qu’à la fin du XVIème siècle ; passée en Turquie au XVIIème siècle, celle-ci fut introduite en Europe au début du XVIIIème siècle grâce au courage de l’épouse de l’ambassadeur anglais à Constantinople qui fit inoculer toute sa famille.

La technique chinoise consistait à inoculer le « germe » soit en introduisant un coton imbibé de virus soit en soufflant de la poudre infectée dans les narines du patient. Pour réduire au maximum le danger de contamination des candidats à la vaccination, les médecins chinois prélevaient de préférence le virus non pas directement sur les malades mais sur les croûtes de patients déjà inoculés avec la forme la moins virulente de la maladie, variola minor, qu’ils savaient parfaitement distinguer de la forme la plus dangereuse, variola major. Ils avaient aussi découvert dès le XVIIIème siècle le moyen d’affaiblir la virulence des « germes » en gardant des croûtes servant à la vaccination dans une fiole hermétiquement fermée pendant plusieurs jours à la chaleur du corps de telle sorte que 80% virus environ « meurent » avant l’inoculation….

 

Diététique et sexualité ou comment guérir agréablement « les sept douleurs et les cent maladies »

La véritable supériorité de la médecine chinoise sur la médecine occidentale consiste à envisager le patient et son environnement comme un tout dont il faut maintenir l’équilibre. Tout peut contribuer à cet équilibre, de la nourriture à la vie sexuelle ! Il existe en Chine des restaurants très spéciaux dans lesquels les plats sont prescrits aux malades sur ordonnance ! « Une alimentation saine suffit à guérir de nombreuses maladies », écrivait déjà Hu Sihui en 1330 dans ses Principes d’alimentation saine ! La pharmacopée chinoise a d’ailleurs de quoi nous étonner puisqu’elle recèle de nombreuses recettes à base de larves, d’insectes ou de reptiles divers, séchés ou vivants, que l’on trouve couramment sur les marchés, en particulier au marché de Canton….

Dès le VIIème siècle, les médecins chinois savaient diagnostiquer le diabète par la présence de sucre et l’absence de graisse dans les urines : les goûteurs d’urine européens n’observèrent le premier de ces deux phénomènes qu’au XVIIème ; ils recommandaient déjà aux malades de s’abstenir de consommer de l’alcool ou des céréales contenant de l’amidon et de surveiller tout particulièrement l’état de leur peau, furoncles et anthrax pouvant dégénérer en gangrène. Ils préconisaient également l’abstinence sexuelle pour les diabétiques : on sait en effet qu’un diabète sévère conduit les patients masculins à l’impuissance et qu’il représente un danger pour les femmes enceintes.

Les médecins chinois, dont la conception du plaisir s’oppose en tout au dogme chrétien du péché originel, ont toujours attribué un rôle thérapeutique à la sexualité.  Alors que l’Occident chrétien a développé, avec le dogme du « péché originel » et le culte de la chasteté, une formidable haine du corps et du plaisir, la Chine taoïste a imaginé un « art de la chambre à coucher » pour guérir les « sept douleurs et les cent maladies ». La pratique amoureuse, comme les menus, faisait ainsi l’objet de prescriptions très précises – en termes de positions et de fréquences des rapports sexuels -, visant à assurer l’équilibre des fluides et à rétablir la santé des deux partenaires. Convaincus que nous serions immortels si nous savions jouir et procurer du plaisir à notre partenaire, les Chinois ignoraient tout à la fois notre stupide pudibonderie et la pornographie qui en est la part maudite.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le beau livre de Robert Temple, Le Génie de la Chine, 3000 ans de découvertes et d’invention, Editions Philippe Picquier

Et Robert Van Gulik, La Sexualité dans la Chine ancienne, TEL Gallimard